
Clôture du Forum économique : Appel à la création d’une zone pour les échanges du contenu et du savoir, grâce au digital
La Cheffe du Gouvernement lance plusieurs messages constructifs :
- Nécessité de lutter contre la fracture numérique entre les pays francophones du nord et du sud
- « La Méditerranée ne devrait plus être la mer de tous les dangers pour ceux qui partent »
- Le gouverneur de la BCT pour un Fonds de résilience financé par les DTS accordés par le FMI
Plusieurs manifestations ont eu lieu en marge de la tenue du 18e Sommet de la Francophonie, organisé les 19 et 20 novembre 2022, et dont le principal a pour nom, le « Forum économique de la Francophonie » (FEF) dont les travaux se sont étalés sur deux jours, à savoir les 20 et 21 novembre 2022, avec pour slogan : « Pour une croissance partagée dans l’Espace francophone »
Si la séance d’ouverture a été rehaussée par la présence de S.E.M le Président de la République, Kaïs Saïed, la cérémonie de clôture a été présidée par la Cheffe du Gouvernement, Mme. Nejla Bouden, qui a appelé à lever tous les freins à la mobilité dans l'espace francophone et à œuvrer davantage pour « un partenariat circulaire ».
"Il n'est plus acceptable que nos jeunes, nos entrepreneurs, nos chercheurs et nos artistes soient empêchés d'agir", a souligné la cheffe du gouvernement.
"La mer Méditerranée qui nous unit ne devrait plus être la mer de tous les dangers pour ceux qui partent et ne devrait plus être la mer de toutes les souffrances pour ceux et celles qui restent derrière eux", a-t-elle plaidé, appelant les pays francophones à œuvrer ensemble afin d'offrir à leur jeunesse l'avenir qu'elle mérite.
Elle a, à cet égard, mis l'accent sur l'impératif d'appuyer davantage l'entrepreneuriat, notamment, à travers le développement de financements "innovants", précisant, dans ce sens, que la Tunisie a recommandé, durant les travaux de ce sommet la création d'un fonds destiné à soutenir les start-up de l'espace francophone.
La cheffe du gouvernement a également souligné que la Tunisie a suggéré de lancer un plaidoyer pour une meilleure régulation des flux des données dans l'espace francophone.
"Les pays en développement devraient cesser d'être de simples fournisseurs de données en matière d'intelligence artificielle. Il est temps qu'ils deviennent des acteurs dans leurs domaines", a-t-elle laissé entendre.
"Les différentes crises auxquelles nous avons été confrontés ces dernières années ont permis de remettre au centre des préoccupations de nos économies, la sécurité alimentaire et énergétique", a-t-elle déclaré.
Évoquant la transition numérique, la cheffe du gouvernement a mis l'accent sur l'importance de lutter contre la fracture numérique entre les pays francophones du nord et du sud.
Elle a, enfin, appelé les pays francophones à saisir les opportunités dont jouit la Tunisie à l’instar de son positionnement stratégique, son capital humain et l'attractivité de son écosystème multisectoriel, en vue d'un "partenariat économique agissant et générateur de richesses partagées et durables".
Mais l’un des autres moments forts de ce Forum a été, sans conteste l’appel lancé pour la première fois, par M. Mokthar Chaouari, Commissaire général du Forum économique et directeur rattaché à la direction générale de l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (FIPA), en faveur de la création d’une zone de libre-échange numérique dans l’espace francophone.
Il s’agit, plutôt, « d’une zone consacrée aux échanges du contenu et du savoir, grâce au digital », a-t-il explicité en substance.
Pour leur part, les ministres de l’Économie et du Commerce présents au Forum, abondent dans le même sens en appelant au renforcement des échanges entre les pays francophones.
Ayant ainsi pour thème la promotion d’une « croissance partagée dans l’Espace francophone, les travaux de ce Forum ont été répartis en quatre parties :
- Un panel d’ouverture sur l’émergence d’un espace de libre-échange francophone, levier de croissance et d’inclusion
- Une 1re session plénière sur l’intégration des chaînes de valeurs et la densification des échanges dans l’espace francophone
- Une 2e session plénière sur le financement de l’entreprise privée francophone : Vecteur de croissance partagée, de création d’emplois et d’innovation
- Une 3e session principale sur l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes dans l’espace francophone à l’ère de la transition numérique
Organisé par l’Agence de Promotion de l'Investissement Extérieur (FIPA-Tunisia) en partenariat avec l’Alliance des Patronats Francophones, l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) et la Chambre de Commerce et d'Industrie de Tunisie (CCIT), le Forum Économique de la Francophonie « FEF Djerba 2022 » a constitué une excellente opportunité pour les participants représentant la Tunisie, en plus de 50 pays participants, de bénéficier d’un cadre idéal leur permettant d’avoir des échanges en vue d’établir des possibilités de coopération bilatérale et multilatérale portant sur des domaines innovants, plus précisément l'investissement et la numérisation.
« FEF Djerba » a pour d’autres objectifs, la réalisation d’un développement durable fondé sur la stratégie économique de la francophonie couvrant la période allant de 2020 à 2025 tout en identifiant de nouvelles perspectives globales et innovantes de nature à faire face aux défis économiques.
Le Forum comprend également des rencontres multisectorielles pour favoriser l'intégration économique et tisser des relations de partenariat entre les hommes d'affaires des différents pays de l'espace francophone.
La cérémonie de clôture officielle a été marquée par l'attribution des "Prix FEF Djerba 2022" à une pléiade de start-up qui se sont distinguées à l'international pour leurs efforts et leur contribution active et efficace dans la réalisation des objectifs de développement dans l’espace Francophone tout en contribuant, efficacement, à la consolidation de l'attractivité de la Tunisie en tant que hub stratégique pour les investissements étrangers.
Les travaux se sont illustrés par l’intervention du gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, M. Marouane Abassi qui a appelé à la création d’un Fonds de résilience appelé à appuyer les économies africaines, à l'heure où les pays du continent souffrent des contrecoups portés par la pandémie sanitaire et les répercussions négatives de la guerre en Ukraine.
Quant au financement de ce Fonds, M. Abassi propose de le faire par le biais des droits de tirage spéciaux (DTS) des pays africains accordés par le Fonds monétaire international (FMI), lesquels DTS devraient être canalisés vers les banques de développement africaines.
Or, les pays africains ont besoin de 280 milliards de dollars alors qu’ils se voient accorder, uniquement, 33 milliards de dollars. C’est dire qu’ils sont trop loin du compte !
Le gouverneur de la Banque Centrale a, à cet égard, souligné l’impératif de réviser à la hausse l’enveloppe de ces droits de tirage spéciaux et de l’allouer au développement du continent en l’injectant aux banques de développement du continent.
D’où l’opportunité de profiter des assises de ce forum, ajoute M. Abassi, afin de rechercher d’autres financements innovants destinés à soutenir les pays africains notamment francophones.
Ce Forum économique a été une opportunité supplémentaire pour conférer au Sommet de Djerba des dimensions multiples et diversifiées destinées à conférer un cachet global quant aux relations entre les différents pays francophones alliant le politique, à l’économique, au culturel et au social.